Joueurs de couloir : Ils déploient leurs ailes (2/2)

A l'heure actuelle, le football donne de plus en plus d'importance aux latéraux modernes, qui viennent soutenir et organiser les attaques de leur équipe, meneurs de jeu depuis leur flanc. Ou à ces ailiers, délaissant justement ce rôle restreint à un couloir du terrain à la faveur desdits latéraux, pour venir apporter vitesse, percussion et danger au cœur du jeu. Sans négliger le repli défensif.

Parfois, et à l'occasion d'une mise en place tactique particulière, ces deux postes ne viennent faire qu'un, donnant au joueur le rôle si particulier de milieu piston,

dans un 3-5-2 par exemple.

Focus sur le rôle crucial des joueurs (pas simplement) de couloir.

Auteur de l'image : Christopher Johnson

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Partie 2 : L'ailier moderne, aigle tueur

Lionel Messi. Cristiano Ronaldo lorsqu'il jouait au Real Madrid. Neymar Jr. Sadio Mané. Mohamed Salah. Ryad Mahrez. Raheem Sterling. Youcef Atal (qui illustre à merveille l'interchangeabilité du poste de latéral et d'ailier dans le football moderne).

La liste peut être allongée d'une quantité phénoménale d'éléments.

Le point commun entre tous ces joueurs ?

Ce sont des superstars pour la plupart, certes, mais ce n'était pas l'objet de ce que j'essaie de montrer ici.

Ce sont aussi tous des joueurs qui sont régulièrement alignés en tant qu'ailiers.

Ce sont également des joueurs avec une excellente capacité de finition.

Il y a cependant une autre particularité, très importante entre tous ces joueurs :

Ils jouent systématiquement en "faux pied", c'est à dire qu'ils sont placés du côté de leur pied faible.

L'intérêt de cette tactique du "faux pied" ?

En partie 1, nous évoquions l'apport croissant des latéraux, pourvus de qualités d' explosivité, de technique, de vitesse et de vision du jeu sensiblement similaires à celles de leurs homologues évoluant plus haut mais utilisées dans un autre dessein.

En effet les latéraux cherchent incessamment à se projeter vers l'avant, à prendre le couloir, et se chargent d'adresser la majorité des centres.

Il se trouve que pour laisser cet espace nécessaire à l'expression du latéral, l'ailier est de plus en plus souvent amené à évoluer au cœur du jeu.

C'est souvent ce même latéral qui va venir le trouver, par une ligne de passe à l'intérieur, et c'est là que la magie opère.

Car l'ailier inversé à un énorme avantage sur son adversaire. Il est naturellement guidé vers le but, et l'intérieur du jeu par sa conduite de balle de son bon pied, peut prendre de la vitesse en gardant le contrôle et venir ainsi fixer la défense.

De là, les options sont légion pour l'ailier, et toutes mettent en difficulté le bloc adverse :

il peut finir de repiquer dans l'axe et frapper, servir un partenaire qui aura profité de sa course avec ballon pour se démarquer, tenter de dribbler son adversaire direct, prendre un appui sur l'avant centre ou servir le latéral, esseulé, qui aura tout le temps d'adresser un bon centre.

On remarque aussi que le latéral adverse, qui doit défendre sur l'ailier se voit, dans la grande majorité des cas, obligé d'utiliser son mauvais pied pour tenter de stopper la progression de l'attaquant. Et que si l'ailier inversé a été trouvé dans le bon tempo, le milieu adverse se situe derrière lui.

Ainsi, même avec une prise à deux, il est extrêmement difficile d'intervenir sans faire faute pour les défenseurs.

Dans ces conditions, et compte tenu des qualités techniques (notamment de frappe) des joueurs qui occupent ces positions, il est logique que ce soit eux, qui fasse le plus souvent trembler les filets. Au point même d'être régulièrement aussi (voire plus) décisifs que leurs compères évoluant à la pointe de l'attaque.

Ainsi l'ailier moderne fait planer l'ombre de sa menace sur la défense adverse à tout instant du match.

Voici quelques exemples pour illustrer l'action de ces aigles fondant sur leur proie :

(Il vous faudra basculer sur YouTube pour voir certaines de ces vidéos)

Mais être un ailier moderne ne se limite pas à marquer des buts et créer des décalages, il faut aussi être un guerrier ou un maître à jouer, voire les deux à la fois.

L'ailier moderne : tâches complémentaires

Comme le latéral adverse est de plus en plus tourné vers l'offensive, le joueur qui se retrouve la plupart du temps à son marquage est...l'ailier. C'est pourquoi, celui-ci va devoir beaucoup défendre, soit pour limiter la progression du latéral adverse, soit en étant l'un des éléments clé du pressing de son équipe.

Le poste a donc pris une dimension physique encore plus importante, l'ailier doit être capable de répéter les courses à haute intensité, et si possible de bien défendre.

On peut prendre pour exemple les replis défensifs exemplaires de Lucas Vazquez avec le Real Madrid la saison passée, ou encore les efforts de la ligne offensive de Liverpool pour effectuer le pressing.

On peut aussi évoquer le rôle de Griezmann en équipe de France.

Mais comme le dise nos amis anglais : "seeing is believing".

Alors voici un dernier exemple de la chose en vidéo : la récupération de balle de David Neres sur Cancelo lors du match Ajax Juventus de Ligue des Champions l'année dernière, suivie de l'enchaînement "repiquer dans l'axe, frapper, marquer" décrit dans la première partie de ce post :

Cependant, si certains ailiers ont inclus l'aspect défensif dans leur jeu, d'autres ne défendent que très rarement (ou presque jamais).

Mais ces ailiers qui ne défendent pas ont une autre corde à leur arc, une autre arme au sein de leur palette tactique élargie.

Ces ailiers, à l'instar de Neymar Jr, et de Lionel Messi, ont un sens et une vision du jeu hors norme.

lls ont ainsi en quelque sorte récupéré une partie des responsabilités qui échouaient au n°10 d'il y a quelques années et n'hésitent pas à décrocher pour venir tenir la balle au milieu du terrain, et organiser les offensives de leur équipe, dicter le tempo et mener les actions à la faveur du jeu de possession de leur équipe.

Il arrive que dans les grands matchs, même ces joueurs au profil de créateur, en viennent eux aussi à effectuer les efforts défensifs. Tout en conservant leur impact offensif. C'est pourquoi les ailiers sont des pièces essentielles de leur équipe, des joueurs (pas simplement) de couloir, mais surtout des joueurs clés.

L'ailier moderne : Le mot de la faim

Pour synthétiser, l'ailier moderne est un aigle tueur affamé, qui par son positionnement en faux pied, tend à repiquer dans l'axe, laissant le couloir au latéral ,et se rapproche du cœur du jeu, ainsi que du but adverse. Il marque par conséquent beaucoup de buts, grâce à son positionnement, ses qualités de vitesse et de percussion, et sa frappe de balle. Il peut aussi mener le jeu de son équipe, et ne doit pas négliger l'aspect défensif, du fait des qualités offensives croissantes des latéraux. C'est donc un joueur clé pour son équipe, et il tient un rôle extrêmement important.

Finalement, on s'aperçoit d'un certain glissement du "centre de gravité des responsabilités" par rapport à ce qui se passait dans l'axe par le passé. Ce glissement déporte le jeu vers les côtés, vers les ailes que ces joueurs déploient si bien à l'heure actuelle.

Et dans le futur?

Au vu de l'interchangeabilité croissante entre le poste de latéral et d'ailier, la prochaine (r)évolution tactique pourrait bien concerner une intensification de l'hybridation de ces deux postes, qui peuvent "fusionner" pour n'en former qu'un extrêmement spécial, à la faveur d'une mise en place tactique particulière : les joueurs de couloir dans un 3-5-2 ou dans un 3-4-3.

Et si à l'avenir, le milieu piston devenait le joueur majeur de l'équipe ?

Merci pour votre attention, et à bientôt!