Jusqu'où irons-t-ils ?

Image de couverture de la vidéo :

Ajax Amsterdam, 21 March 2015 Football.ua, CC BY-SA 3.0 GFDL, via Wikimedia Commons

Il y a maintenant de cela trois saisons une équipe historique retrouvait son éclat d'antan pour briller de mille feux en Ligue des Champions.

Il était une fois...

L'Ajax d'Amsterdam version 2018-2019 enchantait l'Europe par son insouciance, son jeu et le vent de fraîcheur que cette équipe apportait à la compétition.

Lors de cette fantastique épopée, les lanciers rouges et blanc tenaient tête au Bayern Munich en poules, se sublimaient pour renverser le Real Madrid en huitièmes de finale avant d'éliminer la Juventus Turin.

L'histoire s'arrêtait brutalement sur une demi-finale épique dans laquelle les Ajacides s'inclinaient face à Tottenham suite à une fin de match complètement folle.

Nombre de suiveurs conquis par la nouvelle page d'histoire écrite par cette équipe magnifique en tombaient amoureux. Un article intitulé "Merci l'Ajax" exprimant la gratitude pour ces superbes instants de foot était publié sur ce site, et on espérait pouvoir voir de nouveau la clique en action au printemps suivant.

Oui mais voilà, le foot moderne, le foot business ne tarda pas à reprendre ses droits...

De Jong au Barça, De Ligt à la Juve, Zyiech à Chelsea, Van de Beek à Man U, les étoiles ajacides quittaient la constellation amstellodamoise et filaient vers de nouveaux horizons au profit de la nuit du mercato.

Une promotion plus que méritée pour les joueurs mais qui de fait laissait en suspens les promesses de cette équipe enchanteresse. Parenthèse dorée, histoire d'amour sans lendemain donc, à moins que...

À moins que …

La situation

Aujourd'hui l'Ajax d'Amsterdam domine de la tête et des épaules son groupe de Ligue des Champions avec un sans faute :

4 victoires, 12 pts sur 12, 1er du groupe. Phase aller : Le Sporting ? Etrillé 5-1.

Besiktas : Dominé 2-0. Le Borussia Dortmundt : écrasé 4-0.

Et pour le premier match de la phase retour, les Lanciers sont allés se qualifier en reversant ce même BVB sur le score de 3-1 au Signal Iduna Park.

Le travail est fait donc, et avec la maniere qui plus est.

L'Ajax est aussi 1er en Eredivisie, à égalité de points avec le PSV Eindhoven et n'a été battu qu'une seule fois cette saison. Ceux qui ont pris le temps de s'arrêter un instant pour écouter leur partition en ont certainement dû reconnaître la mélodie. Le charme est toujours là, la performance aussi. Le chef d'orchestre Ten Hag a en effet à nouveau les musiciens parfaits pour jouer sa symphonie.

Le XI

De l'épopée de 2018-2019, il ne reste plus que trois titulaires et deux remplaçants. L'experimenté Daley Blind sert toujours de capitaine de route sur le flanc gauche tandis que Mazraoui occupe la place de latéral droit.

Dusan Tadic porte toujours brillamment le n°10, emmenant l'attaque de l'Ajax avec son touché de balle magique comme par le passé tandis que David Neres et Nicolas Tagliafico sont dans la rotation.

Qu'en est il des nouvelles têtes donc ?

Mix de néerlandais, de jeunes talentueux et de quelques joueurs plus expérimentés, de retour au club, l'Ajax évolue dans ce qui s'apparente à un 4-2-3-1 sur Whoscored.

A 38 ans, Pasveer est le portier de cette équipe car Onana purge toujours sa suspension pour dopage.

La charniere est composée de Jurrien Timber, 20 ans et formé à l'Ajax et de Lisandro Martinez. L'Argentin de 23 ans, transfuge de Defensa et Justicia a pris ses marques et de l'épaisseur en s'imposant comme le patron de la défense.

On soulignera notamment sa performance lors de la victoire 4-0 de l'Ajax face au Borussia Dortmundt.

Au milieu, Ryan Gravenberch fait parler sa puissance et a su se rendre indispensable.

Le jeune de seulement 19 ans formé au club est impressionnant de maturité et est régulièrement convoqué avec l'équipe nationale néerlandaise.

Pour l'accompagner et faire fonctionner l'entrejeu ajacide, le Mexicain Edson Alvarez, 24 ans, s'affirme lui aussi comme une pièce maîtresse du 11. Un cran plus haut, en soutien de l'attaque, on retrouve Steven Berghuis, joueur néerlandais de 29 ans. Il compte cette saison 2 buts et 1 passes decisive en Ligue des Champions ainsi que 3 buts et 6 passes en Eredivisie.

L'aile droite est occupée par le brésilien Antony et on y reviendra mais prenons d'abord un instant pour évoquer ce cher Sébastien Haller.

Après un passage compliqué en Premier League à West Ham, le franco-ivoirien s'est relancé à l'Ajax. Dire qu'il a fait le bon choix est un euphémisme.. cette saison il est en train de tout casser. 7 buts et 2 passes décisives en 4 matches de Champions League, 7 buts et 3 passes décisives dans le championnat néerlandais. En feu. À 27 ans, l'éléphant écrase tout sur son passage.

Dans les grandes lignes, voici la feuille de match type, à laquelle il faut rajouter les noms de Mohamed Kudus, milieu defensif central de 21 ans, de Devy Klaasen, formé à l'Ajax et de retour au club à 28 ans ainsi que celui dePeer Schuurs, défenseur central néerlandais de 21 ans.

Les trois derniers cités ne sont pas titulaires indiscutables mais heritent d'un temps de jeu important et ont aussi des choses très intéressantes à apporter.

Le jeu

Maintenant que l'identité des interprètes est connue, qu'en est il du morceau qu'ils performent ?

L'ADN ne s'est pas perdu, l'Ajax ne s'est jamais renié. Pression, intensité, relance de l'arrière, redoublement de passes, projection en nombre dans la surface, passe à l'intérieur pour casser des lignes, l'Ajax Amsterdam joue au foot dans le plus pur sens du terme. Les joueurs sont libérés, sans complexe et n'hésitent pas non plus à faire preuve de personnalité, comme en témoigne les nombreuses percées balles au pied ou les frappes de l'extérieur de la surface qu'ils n'hésitent pas à tenter.

Véritable équipe moderne par excellence, l'Ajax d'Amsterdam est une machine bien huilée, un rouleau compresseur qui domine ses adversaires, emportés par la marée de

vagues rouges et blanches. Mais si la lame est si aiguisée, elle est forcément à double tranchant. L'Ajax a toujours des faiblesses, et les équipes qui devront affronter la tourmente feront tout pour les exploiter. Car l'Ajax est vulnerable en transition et concède de nombreuses occasions, prix à payer de ce football brillant, de ce football total.

Mais jusqu'ici, l'approche leur sourit. Ce cru 2021-2022 est à coup sûr excellent, et on irait presque jusqu'à se poser la question...sont-ils meilleurs qu'en 2019? Difficile à dire, beaucoup de choses ont changé entre temps, le monde est différent...mais la version actuelle a tout de même de sérieux arguments. La situation comptable tout d'abord, l'expérience de leur coach ensuite, le projet qui semble abouti, à maturité, et puis il y a aussi une individualité, un nom étincelant.

Le facteur X

Quel est donc ce facteur X ? Antony, la pépite brésilienne, évidemment. Inarrêtable. Incroyable. Époustouflant.

Les adjectifs laudatifs ne manquent pas pour décrire les accomplissements du virevoltant ailier droit de 21 ans. Statistiquement parlant, cette saison on a affaire à 1 buts et 4 passes décisives en Ligue des Champions et 3 buts en Eredivisie, mais ceux qui l'ont vu jouer savent très bien que sa contribution va bien au delà de ça.

Car Antony est un danger de tous les instants.

Sur WhoScored il est décrit comme un joueur très fort en passes et passes clés, pour tenir le ballon et à la finition. Il est aussi étiquetté fort en centres et dribbles.

Sur le terrain, le gaucher d'1m72 est intenable, il met le feu sur son côté droit et tend à revenir vers l'intérieur pour concrétiser ses actions.

Je vous recommande vivement les compilations de ces meilleurs moments, vous comprendrez très vite de quoi il est question.

Jusqu'où ironts-ils ?

Avec cet effectif, ces armes, ses certitudes, l'Ajax a la capacité d'éliminer n'importe quelle équipe. Maintenant la question est : Jusqu'où iront-ils ?

Pour rééditer le parcours de 2018-2019, pour aller loin dans la compétition, il leur faudra être excellent constamment.

Leur style de jeu ne leur garantit pas une marge de manœuvre sur leurs opposants et le football européen et ses aléas pourrait aussi bien les voir casser la porte du succès avec un fracas bruyant que les laisser retomber dans l'anonymat suite à un échec cuisant...

L'avenir nous le dira, mais juste un conseil : tant qu'ils sont là, profitons en.

Merci pour votre attention et à bientôt sur le site !