Portrait : Andy Roddick, entre ombre et lumière

Andy Roddick. Ce nom vous évoque certainement quelque chose.

32 tournois remportés en simple. Ancien numéro 1 mondial ATP.

1 parmi les 26 à avoir obtenu cette récompense depuis sa création en 1973.

Dernier vainqueur américain de l'US Open, en 2003, face à Juan Carlos Ferrero.

Titulaire d'un Grand Chelem donc. Vainqueur de la coupe Davis en 2007.

Voilà la trace laissée par Andy Roddick sur l'histoire du tennis.

Le natif d’Omaha a maintenant 37 ans, et a pris sa retraite en 2012.

Il n'a pas à rougir de son palmarès. Alors pourquoi a-t-on tendance à oublier "A-Rod" de nos jours ? Portrait d'un champion dans l'ombre d'un génie.

Auteur de l'image : Boss Tweed / CC BY

La réponse à la question posée en introduction est simple. Elle est Suisse et tient en deux mots : Roger Federer.

Le prodige du tennis a barré la route de l'Américain en finales de Grand Chelem, non pas une fois, ni même deux, voire trois, mais bien quatre fois.

A Wimbledon, en 2004 et 2005. A l'US Open en 2006.

Et en apothéose, lors de l'une des finales les plus marquantes de l'ère Open, à nouveau à Wimbledon en 2009.

Le combat fit rage pendant plus de quatre heures, et dura 5 sets ce 5 Juillet 2009.

Alors qu'il avait joué un tennis incroyable toute la partie, Andy Roddick s'inclina finalement sur le score irréel de 5/7, 7/6, 7/6, 3/6, 16/14.

Federer remporta son 15ème Grand Chelem, et Roddick ne gagna jamais Wimbledon.

A l'issue de cette magnifique finale, Federer déclara :

"Andy a joué un tournoi formidable. Ne sois pas trop triste, Andy. j'ai perdu en cinq sets l'an dernier. Tu reviendras et tu gagneras. Je l'espère. T'es un gars incroyable. Aujourd'hui, la chance était de mon côté." (source : Eurosport)

Malheureusement pour "A-Rod", l'occasion ne se présenta plus jamais.

De même, Andy Roddick ne sortit pas du top 10 du classement ATP de 2002 à 2010. Deuxième seulement devancé par un certain... Roger Federer en 2004, troisième derrière l'inévitable Suisse et Rafael Nadal en 2005.

Si Andy Roddick était bien un monstre de régularité, il n'a en revanche jamais su trouver la clé pour contrer Roger Federer.

Le détail de leurs rencontres donne un avantage de 21 victoires contre seulement 3 défaites en 24 rencontres pour le Bâlois.

On peut effectivement se demander ce qu'il serait advenu d'Andy Roddick dans un monde sans Roger Federer.

Il suffit peut-être en réalité d'accepter l'histoire telle quelle est écrite.

L'histoire d'une rivalité déséquilibrée.

L'histoire d'un champion, magnifique dans la victoire, parfois, superbe dans la défaite, souvent.

Régulier, mais dans l'ombre de Federer, quel joueur était Andy Roddick sur le court?

Plus à l'aise sur dur et surfaces rapides, l'Américain était droitier et utilisait le revers à deux mains. Puissant, précis, et agressif, il possédait un coup droit de grande qualité, et était capable d'effectuer de superbes passing.

Malgré un certain manque de variété qui l'a handicapé lors des tournois sur surface lente, et un revers moins impressionnant, il était excellent en fond de court.

Sa mobilité et sa taille lui permettaient de contrer, mais aussi de monter à la volée, et de performer dans cette situation.

Finalement, il se distinguait surtout lors de la mise en jeu.

L'arme principale d'Andy Roddick était en effet son service.

Ses variations d'effet, sa précision, et sa puissance rendaient ce coup diabolique.

Comme mentionné dans "Le Top cinq des meilleurs serveurs de tous les temps" et "Andy Roddick, Histoire d'un serveur hors pair", "L'homme qui sert plus fort que son ombre" a accumulé 8716 aces en 787 rencontres, soit un ratio de presque 12 aces par match, a été le détenteur du record du service le plus rapide de l'histoire (avec une première balle à 294.9 km/h), et était en 2006 le serveur le plus rapide des quatre Grand Chelem, du tennis, et détenait aussi le record de vitesse en première balle.

La liste de records présentés ici est loin d'être exhaustive, et je vous renvoie vers les sources pour d'autres statistiques au moins aussi impressionnantes que celles-ci.

Chiffres à l'appui, A.Roddick se basait bien sur son service pour dominer ses adversaires, pour qui il était très difficile de prendre sa mise en jeu.

"A-Rod" nous a aussi gratifié de quelques échanges incroyables, que je vous laisse apprécier à leur juste valeur en regardant la vidéo ci-dessous :

Andy Roddick était un joueur agréable à regarder évoluer, car offensif, talentueux et capable d'exploits.

Outre ses qualités tennistiques, il convient ici de décrire la personnalité atypique d'Andy Roddick afin de dépeindre correctement le portrait de l'Américain.

Pouvant se frustrer sur le court, à l'occasion même friable mentalement, "Angry Roddick" n'était pas étranger aux accès de colère lors de sa carrière, qui ont pu lui coûter des victoires.

Cependant, ce comportement volcanique tranchait avec son attitude fair-play, et la magnifiait en quelque sorte.

En effet, lorsque les défauts du champion apparaissent, on se reconnaît dans ses actions, on s'identifie à lui, et lorsqu'on s'aperçoit que le champion en question n'est pas si différent de nous, et est capable d'un tel fair-play, il devient un exemple, un modèle.

S'il se distinguait par son fair-play, la positivité et le sens de l'humour d'Andy Roddick contribuaient aussi grandement à sa popularité.

Aussi précis et puissant, avec sa verve qu'avec ses aces, il trouvait souvent les mots justes, et drôles, qui plus est, dès que l'occasion s'en présentait, comme on peut le constater dans la vidéo ci-dessous :

Andy Roddick aurait probablement trouvé les mots pour conclure ce paragraphe.

Disons simplement qu'il était certainement "le tennisman préféré de votre tennisman préféré", et que le charisme du champion est une dimension non négligeable de son portrait.

Histoire d'un loser magnifique, d'un serveur hors norme au palmarès de champion, d'une personnalité charismatique et attachante, le portrait d'Andy Roddick met en lumière un joueur réellement différent, à part, unique.

A nous de faire en sorte d'éviter que le souvenir de "A-Rod" ne s'érode.