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« Tamau Pogi » est devenu grand : Au Tour d’un surdoué

  • Photo du rédacteur: RivaldoML11
    RivaldoML11
  • 20 sept. 2020
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 janv. 2021

Par ses performances sur la Vuelta l’an passé (trois victoires d’étape, troisième au classement général) pour son premier Grand Tour, par les qualités intrinsèques du coureur, par son insouciance, et son âge, la plupart des suiveurs s’accordaient à dire que le Slovène de 21 ans était indéniablement l’un des coureurs à suivre de cette Grande Boucle. On le voyait comme un outsider crédible pour le podium et candidat à une victoire d’étape.


Image par Mr7100 / CC BY-SA


De là à l’imaginer vainqueur à Paris ? La marche semblait trop grande. C’était oublier que Tadej Pogacar se fait une spécialité de brûler les étapes. Il en a ainsi remporté trois, et s’est adjugé autant de maillots distinctifs. Pogacar triomphe à Paris et signe un carton plein sur un Tour 2020 qu’il a ébloui de sa classe. Retour sur le Tour exceptionnel du meilleur jeune, meilleur grimpeur, et simplement meilleur coureur de la Grande Boucle.


Avant le Tour, on a surtout suivi de près les performances de Roglic et Bernal lors des courses de préparation. Le vainqueur de la Vuelta et le vainqueur du Tour de l’an passé. Le Slovène et le Colombien s’avançaient en favoris de cette Tour de France 2020, et on guettait attentivement chaque résultat de ce duel annoncé. 1ère manche remportée par Bernal sur la Route d’Occitanie en l’absence de son principal rival. Égalisation, même démonstration de Roglic sur le Tour de l’Ain. Et puis il y a eu le Criterium du Dauphiné, où Thibaut Pinot se rappelait à notre bon souvenir en démontrant qu’il était sans doute le 3ème homme capable de tirer son épingle du jeu. Au niveau du duel Slovène Colombien, Roglic (bien aidé par son équipe la Jumbo Visma) prenait à nouveau l’ascendant sur Bernal, qui finissait par abandonner en raison de douleurs au dos. Avant la dernière étape, Roglic alors leader, qui avait chuté, quittait lui aussi la course afin de se préserver pour son le Tour 2020.



Et Pogacar dans tout ça ? Sur le Criterium du Dauphine, il laissait les indices de sa montée en puissance tout au long de la semaine, et était particulièrement en vue lors d’une dernière étape de folie remportée par l’incroyable Sepp Kuss, et permettant à Daniel Martinez de s’adjuger le général. Pogacar terminait 3ème de l’étape, et échouait au pied du podium. Des signes très encourageants avant son premier Tour de France sur lequel il arrivait avec de l’ambition mais aussi de la fraîcheur, avantage non négligeable sur un parcours aussi exigeant.


Le Tour 2020 lancé, Tadej Pogacar esquivait la plupart des pièges de la première semaine. Pas de chutes, pas de perte de temps…Pas sur les 6 premières étapes, à l’issue desquelles il avait pris la 2ème place de l’étape d’Orcières Merlette, derrière…Primoz Roglic, et était porteur du maillot blanc de meilleur jeune. Dans l’ombre de son compatriote emmené par une équipe jaune et noir impressionnante, un Slovène en cachant un autre, Pogacar réalisait un début de Tour parfait.


Et puis il y a eu cette étape entre Millau et Lavaur… un souci mécanique, de trop nombreuses minutes passées en queue de peloton alors que le danger était annoncé, l’inexpérience sans doute… Ça n’a pas manqué : piégé par le coup de bordure lancé par Ineos Grenadier, Pogacar perdait 1’21’’ sur les principaux favoris du Tour. Un écart sinon rédhibitoire, en tout cas handicapant pour la victoire finale.

La réaction de l’intéressé : un haussement d’épaules. Ce ne sont pas les mots exacts du Slovène mais en substance il déclarait que ce n’était pas si grave, qu’il avait énormément d’opportunités pour attaquer, faire de gros écarts et reprendre du temps. L’insouciance d’un jeune de 21 ans.


Il avait promis d’attaquer, il l’a fait.

Dès la première étape pyrénéenne, qui met fin aux illusions d’un Thibaut Pinot le jeune Slovène voltige dans le col de Peyresourde et profite de l’attentisme des autres favoris sur son démarrage pour refaire une bonne partie de son retard. Le lendemain, entre Pau et Laruns, il dégaine à nouveau. Cette fois, ni Roglic, ni Bernal, ni Landa, ne le laissent partir. Le quatuor sprinte pour la bonification au sommet du Marie Blanque, Roglic passe juste devant au sommet et les deux Slovènes évitent la chute de justesse. Dans la vallée, les quatre hommes reviennent sur le valeureux Marc Hirschi (futur super-combatif du Tour de France, qui finira par s’imposer).



La victoire du Suisse n’est cependant pas prévue pour ce jour-là. Nouveau sprint, pour la victoire cette fois. Et c’est à nouveau un Slovène qui s’impose. Le plus jeune. Première victoire sur le Tour de France pour Pogacar, qui s’avance comme l’un des tout meilleurs grimpeurs de cette édition et peut-être comme le principal rival de son compatriote, Primoz Roglic, qui récupère la tunique dorée. Roglic se pare donc de jaune et ne quittera plus cet habit de lumière qui lui va si bien avant un long moment.


Durant la deuxième semaine, la tendance se confirme. Au Puy Mary, lors de la 13ème étape, Romain Bardet perd le tour sur ses terres. Après avoir chuté, l’Auvergnat n’a plus les jambes, mais parvient à rallier l’arrivée. Il abandonnera finalement le soir-même, la faute à un traumatisme crânien. Autre Français placé au général, Guillaume Martin voit la fin de ses ambitions et de ses rêves de podium. Exit les Français donc.

A l’avant Daniel Martinez s’adjuge l’étape, tandis que dans le groupe des favoris, un duo slovène se détache. Roglic et Pogacar prennent 13 secondes à Porte et Landa, 16 à Miguel Angel Lopez, et une quarantaine à Bernal, Quintana et tous les autres candidats à la victoire finale. Ce faisant, Roglic conforte son maillot jaune, Pogacar récupère le maillot blanc du meilleur jeune. 44 secondes séparent les deux hommes. La lutte fratricide entre les Slovènes peut commencer.


Deux jours plus tard, nouvelle bagarre entre les favoris, au Grand Colombier cette fois. Pas le jour des Colombiens, puisque Egan Bernal sombre complètement tandis que Quintana perd plus de 3 minutes. Et comme toujours, le duo Slovène est au-dessus du lot. Maillot jaune au coude à coude avec le maillot blanc, les images rappellent les Tour de France 2010 et 2011 mettant aux prises Schleck et Contador.

Finalement Pogacar bat Roglic au sprint, et lui reprend 4 secondes. Riche Porte termine troisième, Miguel Angel Lopez quatrième à 8 secondes. On se dit alors que Pogacar a peut-être pris l’ascendant psychologique. Il est le principal adversaire, non, le seul adversaire capable de renverser Roglic à la Jumbo Visma.



Quand, comment, où ? Une étape s’impose comme une évidence : si le Tour doit tourner, ce sera lors de la 17ème étape, l’étape reine, arrivant au sommet du col de la Loze. Le Mercredi 23 Septembre, le spectacle est au rendez-vous.

A l’avant, l’épatant Richard Carapaz signe un petit numéro et résiste longtemps, très longtemps au retour du groupe maillot jaune. A l’arrière, ce sont les coéquipiers de Mikel Landa qui roulent dans le difficile Col de la Madeleine, pour préparer l’offensive de leur leader, prêt à tout tenter pour gagner, quitte à perdre.

Oui mais voilà… L’enfer de la Loze est pavé de bonnes intentions. Et quand sur la piste cyclable passé Meribel, le dernier coéquipier du Basque s’écarte, la première accélération du groupe de favoris remet tout le monde à sa place.

La pente est abrupte, cruelle, sans concession. Les coureurs sont collés à la route, s’arrachant pour gagner quelques mètres. L’indication de la vitesse instantanée des champions est irréelle : à peine plus de 10 km/h sur certains passages. Landa est le premier lâché. Uran ne peut pas suivre le rythme non plus. Les coureurs enchaînent les courts replats et les murs à plus de 20 %. Les images sont terribles, superbes. Porte craque à son tour. Roglic et Kuss face à Pogacar, Miguel Angel Lopez est le quatrième homme.


Image par Petruss / CC BY-SA


Alors quand Roglic fait la cassure pour permettre à Kuss de prendre quelques longueurs d’avance, « SuperMAL » n’hésite pas et se projette à l’avant d’une attaque tranchante. A plus de 2000m d’altitude, sur des pentes effrayantes, et des changements de rythme incessants, le petit Colombien est à l’aise, dans son jardin, comme à la maison. Il reprend et dépose Kuss, résiste au retour de Roglic, s’offre un succès de prestige et monte sur la troisième marche du podium provisoire. Derrière, c’est sans doute le Tour qui se joue. Roglic, intraitable et bien épaulé par son super-lieutenant américain Sepp Kuss parvient à distancer Pogacar. Et conforte son avance de 15 secondes. Pogacar ne doit plus seulement regarder devant, vers Roglic, qui le devance de 57 secondes, il faut aussi qu’il regarde dans le rétroviseur, derrière. Car Miguel Angel Lopez est revenu à portée de la 2ème place.




Le lendemain, une étape au profil taillé pour inciter aux grandes manœuvres accouche d’une souris. Pas de folie, beaucoup de contrôle. On a en tête sans doute, cette dernière échéance, ce contre-la-montre exigeant arrivant au sommet de La Planche des Belles Filles. Les favoris se testent seulement dans la dernière ascension répertoriée, le Plateau des Glières.

Landa attaque le premier, puis se fait reprendre. Pogacar tente le coup, à quelques kilomètres du sommet, mais l’accélération manque de tranchant. Sur le chemin de terre, Roglic rappelle à tout le monde qu’il est le patron de ce Tour de France, et au final…statut quo entre les premiers. Loin devant, Ineos-Grenadier se distingue par un superbe doublé, Carapaz-Kwiatkowski terminent l’étape victorieux,bras dessus-bras dessous. Carapaz récupère le maillot de meilleur grimpeur, pour deux jours seulement. Mas et surtout Porte font la bonne opération pour les places d’honneur, suite à la nouvelle défaillance d'Uran et Yates.


Avec 57 secondes d’avance sur son compatriote, Roglic semble maîtriser son sujet. A moins d’un exploit ou d’une défaillance sur le contre-la-montre de la Planche des Belles Filles, il finira en jaune à Paris, et pourra remercier son équipe : Kuss, Dumoulin, Van Aert, T.Martin et Cie, qui ont été si précieux…


Coup de tonnerre. Le 19 Septembre, à la Planche des Belles Filles, exploit il y a.

Si la défaillance de Miguel Angel Lopez, conjuguée à l’excellent contre-la-montre de Richie Porte permet à l’Australien de monter sur le podium du classement général, elle est totalement éclipsée par la prestation éblouissante de la jeune comète Slovène.


Tadej Pogacar part vite, et fait douter le maillot jaune dès la première partie du contre-la-montre. Il ne faiblit pas, ne ralentit jamais. Habité, survolté, déchaîné, le gamin de Slovénie écrase les pédales. Au pied de la montée de la Planche des Belles Filles, Roglic n’a plus de marge. L’impression visuelle est saisissante. Là où Pogacar, posé sur sa machine, emmène un braquet énorme sans sourciller, Roglic semble peiner, arracher des coups de pédale heurtés. Le maillot blanc fend une foule en délire, sprinte jusqu’à la ligne d’arrivée. Le maillot jaune franchit la ligne trop tard, bien trop tard, le teint aussi pâle que la tunique du meilleur jeune.



Le ciel tombe sur la tête du Tour de France. Abasourdis, choqués, groggy, chaos debout, ils le sont tous : Van Aert, Dumoulin, Roglic. Pogacar aussi. Tous les suiveurs. On peine à réaliser ce qu’il vient de se passer. Pogacar voit triple, double triple même. Carton plein. Trois victoires d’étapes. Meilleur jeune. Meilleur grimpeur. Maillot Jaune. A seulement 21 ans. Ses 22 ans, il les fêtera le lendemain de la dernière étape, arrivant aux Champs Élysées, remportée par Sam Bennett, porteur du maillot vert, le seul ayant échappé à la razzia du gamin Slovène. Sacré cadeau d’anniversaire, qu’il est allé se chercher tout seul, comme un grand. Car oui, aujourd’hui « Tamau Pogi » (« Petit Pogi » en dialecte slovène) est devenu grand.

Egan Bernal en 2019, Tadej Pogacar en 2020. Les vainqueurs du Tour de France ces deux dernières années sont de plus en plus jeunes. Evenepoel, Sivakov, Higuita, Gaudu, il y en a d’autres, et ils sont nombreux…La nouvelle génération a déjà pris le pouvoir, et on a hâte des prochaines courses.

Merci pour votre attention, et à bientôt sur le site !

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Football, Cyclisme sur route, Tennis, Boxe...Réflexions et articles sur ces sports qui me font vibrer.

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